6 jours sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle
Il y a un avant, un pendant et un après Saint Jacques de Compostelle.
Deux ans que je souhaite marcher sur ce chemin qui me fait de l’oeil.
Puis cette année 2020…, si particulière, et cette envie d’espace, cette envie viscérale de respirer. L’impression de suffoquer à Paris, de ne pas profiter, d’avoir été privée de ma liberté bien trop longtemps.
L’idée a fait son chemin et me voilà décidée à partir seule.
Ma technique pour ne pas me défiler : en parler à mon entourage, prendre mes billets de train et prévoir mes étapes 🙂
Les jours passent, le jour J approche ; mon papa me confie qu’il n’est pas rassuré que je parte seule (lui qui ne montre jamais d’inquiétude fasse à mes choix) ; moi non plus je ne suis pas rassurée…
En suis-je capable ?
En réalité la réponse est oui, je le sais mais j’imagine qu’il est naturel d’appréhender l’inconnu ! Comme si on se jetait dans le vide…
Jour J, je suis prête !
4h du mat, un train m’attend à la Gare de Bercy. Mon bol d’air pur n’est pas loin !
Arrivée à Aumont-Aubrac, mon village départ.
Le soleil est présent, le village est petit, je dessine, me balade. Je papote avec les gens du coin, enfin ! Je pars le lendemain matin, pleine d’entrain, d’enthousiasme, de joie ! J’avale 23kms, je me fais une ampoule ; l’ampoule qui me pourrira mon 2e, 3e jour et 4e jour ;(
J’ai mal mais j’avance.
Je me trompe, je rebrousse chemin mais j’avance.
Je profite de l’immensité des plaines de l’Aubrac qui sont un véritable enchantement. Je suis seule mais ceux qui croisent mon chemin sont attentifs, prennent soin de moi. Finalement je trouve un bâton dans un sous-bois que je n’aurais jamais dû traverser. Je le surnomme “vieille branche” 🙂 Je compense toute la douleur du pied gauche dans ma hanche droite.
Je boite mais j’avance.
Je suis obligée de ralentir. Je profite de ce qui m’entoure. Je filme, je photographie, je prends le temps ou plutôt je suis obligée de prendre le temps. Mon corps ne me laisse pas le choix ! Au jour 4, au bout de 8 kms, il me dit stop.
Je suis en colère.
Une amie me dit que la détermination est plus forte. Je suis déterminée mais le corps ne suit pas. Il ne répond plus. J’ai vraiment mal. Je pleure, je suis déçue, je ne supporte pas d’échouer mais finalement je ne suis en compétition qu’avec moi-même…il n’y a rien à gagner, rien à prouver à personne.
La plus sage décision aura été d’écouter et de trouver une façon d’avancer autrement.
Je fais les 12 derniers kms de l’étape en stop.
Je me laisse aider et j’accepte de ne pas être infaillible.
Et comme quelqu’un là haut veille sur moi, il a parsemé ma route de petits bonheurs. Des sourires, des encouragements, des discussions, des accompagnements, des soins, de la nourriture, des partages….
J’ai souri beaucoup, j’ai ri énormément, j’ai pleuré aussi puis j’ai lâché prise.
De toute manière j’avance… peu importe à quelle vitesse, comment, avec qui,…
J’ai fini par arriver – CONQUES – Adriana et son papa m’ont vu sur la place, crient mon nom. J’ai réussi. J’étais fière, je ris avec eux. Ce moment était doux, un accomplissement. Puis j’ai été triste, de dire au revoir, de m’arrêter en si bon chemin.
J’avais réussi à l’apprivoiser et il fallait déjà repartir !
Cher chemin, je reviens c’est certain !
J’aimerais remercier toutes les personnes qui ont croisé ma route. Et plus particulièrement Marie-Christine et Paul qui ne m’ont pas lâché (ma tata et mon tonton du chemin si vous passez par ici je vous embrasse bien fort), Adriana et son papa Francisco, le gérant de l’hôtel Le Dômerie à Aubrac, les trois jeunes étudiantes en médecine, Sabine du gîte del Roumiou, Laurence, Sandrine, celle dont je ne connais pas le prénom mais qui m’aura fait découvrir le Reiki et qui a sauvé mon jour 5 et 6, Thierry et Paul le boulanger, Germain et tous ceux dont je ne connais pas le prénom, merci à mes amis d’avoir suivi mes aventures sur insta et de m’avoir soutenue, MERCI d’avoir parsemé ces 170 kms de petits bonheurs !
J’ai de nouveau foi ! J’avance 😉
- 19 September 2020
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